Blog – Quand la CIA se lance dans les paris hippiques

 

Avez-vous vraiment besoin de plus d’information ?

 

En tant qu'investisseur, vous êtes constamment à l'affût d'informations pour guider vos décisions. Mais savez-vous vraiment comment utiliser ces informations ? Le problème est plus complexe qu'il n'y paraît.

 

Plongeons dans les années 70. Un agent de la CIA, Richards J. Heuer, a écrit un rapport étonnant publié plus tard dans le livre "Inside CIA's Private World: Declassified Articles from the Agency's Internal Journal 1955-1992". Oui, vous avez bien lu, la CIA.

 

L'étude de Heuer tourne autour des paris hippiques. Imaginez huit handicapeurs professionnels, ceux qui déterminent le poids à ajouter aux chevaux lors des courses pour équilibrer les chances de gagner. On leur donne 80 données sur une course de chevaux et on leur demande de les classer par ordre d'importance. Un casse-tête digne d'un épisode de Columbo.

 

Les cinq informations jugées les plus importantes servent ensuite à prévoir le trio gagnant d’une course, sans connaître les noms des chevaux ou de la course pour éviter tout biais. Les handicapeurs attribuent également un degré de confiance à leurs prédictions.

 

On répète ensuite l'opération avec les 10, 20 et 40 informations jugées les plus importantes par les handicapeurs. Trois d’entre eux voient leurs prévisions se dégrader avec plus d'informations, deux s'améliorent, trois restent au même niveau. En somme, l'ajout d'information n'a pas amélioré la performance du groupe. En fait, elle a même légèrement diminué.

 

Le plus intrigant ? Plus ils avaient d'informations, plus leur confiance augmentait, doublant même avec 40 informations. En situation réelle, auraient-ils parié le double ? Probablement. Et pourtant, ils n’auraient pas été meilleurs dans leurs prévisions… Doubler leurs paris n’aurait fait qu’accroître leurs gains ou leurs pertes.

 

Cette situation vous rappelle quelque chose ? Peut-être après avoir lu tous les journaux financiers, écouté toutes les chaînes d'information et suivi tous les blogueurs experts, vous seriez prêt à investir deux fois plus sur une action. Alors que votre prédiction ne serait pas nécessairement plus précise...

 

Ces résultats ne sont pas exclusifs au monde des courses de chevaux. Des études similaires dans le domaine médical ont montré que l’ajout d'informations n'améliore pas la qualité du diagnostic, mais augmente la confiance.

 

La conclusion de Heuer est claire : nous avons une compréhension imparfaite des informations que nous utilisons pour prendre des décisions. Nous surestimons l'importance de certains facteurs et ignorons comment nos décisions sont influencées par un petit nombre de variables. Si nous passons effectivement en revue de nombreuses informations, dans la pratique nous échouons à remarquer, à chaque instant, le nombre de données prises en compte dans nos décisions. Et ce nombre est limité… 

 

Dans son livre Bull’s Eye Investing, John Mauldin partage une expérience similaire. Pour simplifier, disons qu’un participant tire une carte et reçoit 100 dollars s'il trouve la bonne carte. La majorité des participants sont prêts à vendre leur chance pour environ 2 dollars, réalisant un bénéfice rapide. Mais quand ils ont la carte en main, le prix de vente demandé augmente. Pourquoi ? Parce qu'ils ont un lien avec la carte. Ils pensent qu'elle vaut plus, même si ce n’est pas le cas.

 

Étonnant, non ? Et pourtant, le même phénomène se produit chez les grands investisseurs. Les gérants de fonds sont souvent surpondérés dans les actions de leur propre pays, pensant à tort qu’elles surperformeront celles des autres pays. Simplement parce qu’ils les connaissent mieux.

 

"Je n'attends rien de ma réflexion, mais je suis sûr de mes réflexes." (Yves Tanguy)

 

La connaissance nous rend plus confiants. Plus nous accumulons de connaissances, plus nous sommes confiants, même si cela n'améliore pas nécessairement nos jugements.

 

Dans nos investissements et de façon générale, nous avons tendance à prendre en compte plus facilement les informations qui confirment nos opinions. En revanche, toute information discordante tend à être négligée, sous-estimée voire déformée afin de venir renforcer nos croyances. 

 

Nous sommes tous un peu victimes de ce biais et, chez PurePerf, nous ne faisons pas exception.

 

Pour contrer cela, lors de la détermination de notre allocation mensuelle, nous nous concentrons sur un nombre limité de données, sans chercher à en obtenir davantage. Le traitement de ces informations est rigoureux et discipliné, indépendant de nos propres opinions. Cela nous protège contre nos propres biais.

 

Nos vues de marché partagées chaque mois dans notre Newsletter, ne sont pas prises en compte dans la détermination de nos signaux d’achat et de vente.

 

Ces vues sont utiles. Elles nous aident à comprendre le cadre d’investissement et les raisons derrières les mouvements des différentes classes d’actifs. Cette compréhension bâtit la confiance, elle est utile pour maintenir des positions durant des périodes difficiles.

 

Que vous attendiez notre newsletter chaque mois avec impatience, ou que vous vous intéressiez seulement à nos signaux et à la mise à jour de notre portefeuille, nous considérons ces deux aspects comme complémentaires.

 

L'important n'est pas d'avoir toutes les informations, mais d'utiliser correctement celles dont on dispose. Un peu de recul et de discipline peuvent faire une grande différence. Comme dirait un fan de courses de chevaux : "Mieux vaut un petit pari bien placé qu'un grand pari mal informé."

 

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