Bien gérer son portefeuille, c’est aussi savoir maîtriser ses émotions. Cela se fait en prenant des risques mesurés et en comprenant bien les enjeux. Décryptage, la newsletter de PurePerf, vous aide chaque mois à analyser l’environnement économique et les forces qui animent les marchés. En toute humilité, nous partageons nos vues sur les risques et les opportunités à venir.

La citation du mois

“Quand le vent du changement souffle, certains construisent des murs, d’autres des moulins.”

Proverbe chinois

Quand la confiance s’effrite : échos de Suez en 2025

À l’aube du 6 novembre 1956, la Royal Navy lançait l’une de ses dernières grandes opérations militaires. Parachutistes, commandos marins, tanks, bombardements aériens et tirs de canon : tout était déployé pour reprendre le contrôle du canal de Suez.

Pour la Grande-Bretagne, le canal représentait bien plus qu’une voie d’eau. Depuis les années 1870, Londres détenait une participation stratégique dans cet axe commercial vital, permettant d’acheminer le pétrole du Moyen-Orient vers l’Europe. Lorsque le président égyptien Gamal Abdel Nasser nationalisa le canal en juillet 1956, ce fut vécu à Londres comme un acte de piraterie.

Le Premier ministre Anthony Eden était déterminé à riposter. Mais il avait sous-estimé deux choses : la volonté farouche des Égyptiens de défendre leur souveraineté et surtout la réaction du reste du monde.

En réponse à l’invasion, Nasser saborda des dizaines de navires dans le canal, le rendant inutilisable. Mais c’est surtout la pression financière internationale, notamment celle des États-Unis menaçant de provoquer un effondrement de la livre sterling, qui força la Grande-Bretagne à battre en retraite.

En l’espace de dix jours, la bourse britannique perdit 8%, les obligations chutèrent de 15%, et la livre sterling s’effondra. Londres dut dépenser 15% de ses réserves pour tenter d’endiguer la crise. Ce fut la fin d’une illusion : sans le soutien de Washington, la Grande-Bretagne ne pouvait plus imposer sa volonté au monde.

Le gouvernement américain face au doute

Dans l’histoire financière, il est rare qu’un pays développé voie chuter simultanément ses actions, ses obligations et sa monnaie. D’ordinaire, quand une classe d’actifs souffre, une autre sert de refuge. Quand tout s’effondre à la fois, c’est le signe d’une perte massive de confiance.

Cela touche en général les économies fragiles de pays émergents, non les puissances établies. Pourtant, c’est ce qui est arrivé au Royaume-Uni en 1956. Et, dans une moindre mesure, aux États-Unis en 1971 lorsque Richard Nixon mit fin à la convertibilité du dollar en or, précipitant une décennie de stagflation.

Aujourd’hui, l’histoire semble rimer à nouveau.

Après les événements du “Liberation Day”, les marchés américains ont tremblé : actions, obligations, dollar – tous touchés simultanément. L’or a bondi à 3 500 dollars l’once, symbole de la fuite vers les valeurs refuges.

Face à la pression internationale et à la défiance grandissante, le gouvernement américain paraît contraint de reculer. Comme Londres après Suez, Washington découvre que la confiance ne se décrète pas.

L’effondrement d’une monnaie de réserve ne survient pas en un jour. Mais chaque crise, chaque perte de crédibilité, chaque fuite vers l’or en est une étape de plus.

Les banques centrales, elles, ne s’y trompent pas. Elles ignorent quelle sera la prochaine monnaie dominante. Mais elles savent qu’en période d’incertitude, l’or reste roi.

Comment positionner son portefeuille ?

Le mois dernier, certains lecteurs s’étaient étonnés de voir notre exposition à l’or physique divisée par deux, alors la crise des droits de douane semblait justifier une poursuite de la hausse.

Cet épisode illustre bien notre philosophie. Chez PurePerf, nous essayons de comprendre les marchés, mais nous connaissons les limites de l’analyse prédictive. Pour délivrer de la performance, nous nous appuyons sur une allocation stratégique réellement diversifiée, renforcée par une lecture objective de la dynamique des prix.

Ainsi, à fin mars, bien que la tendance de l’or en euros restait haussière, la dynamique s’était nettement affaiblie. Résultat : après un pic, l’or exprimé en euros a reculé de 0,93% sur le mois d’avril (référence : ETC Amundi Physical Gold au 25 avril), avec un point bas à -5,37% atteint le 7 avril.

Cet exemple montre qu’il est possible d’avoir une bonne analyse fondamentale et malgré tout de perdre de l’argent.

Notre approche n’est pas infaillible, mais elle permet d’éviter la plupart des erreurs lourdes, notamment en période de crise où l’irrationalité domine.

Avec un portefeuille en progression de près de 2% depuis le début de l’année, sans prise de risque excessive, nous estimons que notre stratégie reste adaptée au contexte actuel.

S’il devait y avoir un rebond technique des actions en mai, nous l’analyserons à travers nos signaux. Nous ne capterons sans doute pas le début du rebond, mais cela nous convient, dans la mesure où notre approche nous a permis d’éviter une grande partie de la baisse. Ainsi, nous ne cherchons pas à anticiper : nous laissons les marchés nous guider.

Comme nous l’écrivions déjà : il ne suffit pas d’être exposé, encore faut-il l’être au bon moment. C’est précisément l’objectif de PurePerf : capter les tendances durables, ajuster les voiles quand il le faut, mais sans jamais perdre le cap.

Bien cordialement,

L’équipe PurePerf