Bien gérer son portefeuille implique de savoir aussi gérer ses émotions. Ceci est possible en prenant des risques mesurés et en ayant une bonne compréhension de la partie qui se joue. Décryptage, la newsletter de PurePerf, cherche chaque mois à décoder l’environnement économique et les forces qui font bouger les marchés. En toute humilité, nous partageons nos vues sur les dangers et les opportunités qui se profilent.

La citation du mois

« When the data and the anecdotes disagree, the anecdotes are usually right.”

Pourquoi la situation actuelle est illisible

Les actions américaines se négocient comme si la Fed avait déjà baissé ses taux directeurs.

Les emprunts d’État se négocient comme si les baisses de taux n’allaient pas se produire.

L’or se négocie comme si nous étions en route vers un atterrissage en douceur.

Le pétrole se négocie comme si nous entrions en récession.

Il n’y a aucune cohérence entre ces données. Qui a raison ?

Le marché obligataire, guide ultime

Plus important marché par son volume, le marché obligataire est aussi le plus sophistiqué. Ses opérateurs sont quasi exclusivement des professionnels, des banques centrales, des assureurs, des fonds de pension… Alors en cas d’incertitude, il est sage de chercher à comprendre ce que les taux nous disent.

Depuis quelques semaines, l'écart entre les rendements des obligations à long terme et ceux à court terme s'élargit. Cela correspond au phénomène dit de "bear steepening" qui n’a pas vraiment de traduction en français (devrait-on dire "pentification baissière", « élargissement baissier » ? Pas sûr que ce soit plus clair).

Dans un bear steepening, ce sont les taux longs qui prennent les devants et tirent toute la courbe des taux vers le haut, en la rendant également plus raide.

Comment interpréter un tel mouvement ?

Jusqu’à il y a un mois, les marchés américains anticipaient un cycle de baisse doux des taux directeurs de la FED commençant au printemps 2024 et durant environ 18 mois jusqu’à atteindre un taux d’intérêt nominal neutre de 3 %.

Mais depuis quelques semaines, des données plus fortes sur le PIB et les ventes au détail ont convaincu les marchés que les États-Unis peuvent supporter des taux d’intérêt plus élevés plus longtemps.

Ainsi, la courbe des taux s’est élargie de manière baissière.

Ce bear steepening implique que le cycle de baisse de la Fed devrait s’arrêter à 3,50% plutôt qu’à 3%, et que ce taux terminal plus élevé n’impactera pas négativement l’économie américaine à long terme.

En d’autres termes, les investisseurs s’attendent désormais à ce que l’économie américaine soit structurellement assez solide pour supporter des taux d’équilibre plus élevés.

Mais un bear steepening, cela signifie aussi une hausse généralisée et durable des taux d’intérêt, qui n’est pas sans conséquences sur l’économie et les marchés. Les trois dernières fois où ce mouvement s’est produit (septembre-novembre 2000, mai-juin 2007 et septembre-novembre 2018), les marchés ont connu de graves difficultés.

La vigilance reste de mise

Alors que les marchés d’actions américaines sont au plus haut, la possibilité de voir les États-Unis entrer en récession dans la deuxième partie de l’année reste élevée. Ce n’est pas le moment de prendre des risques inconsidérés.

Dans ces conditions, il nous semble raisonnable de conserver beaucoup de liquidités, de rester à l’écart des matières premières industrielles et de bien équilibrer ses risques entre les actions et les obligations. 

La stratégie PurePerf actuelle est alignée avec notre analyse des marchés. Compte-tenu de la faible visibilité, nous ne voyons pas de raison de nous en écarter pour l’instant. Affaire à suivre…   

Si cet article vous a éclairé, partagez-le et inscrivez-vous à notre newsletter.

Merci pour votre confiance. Nous sommes là pour vous aider à être du côté de la force.

Bien cordialement,

L'équipe PurePerf